Mikan ve’eylakh

Revue en hébreu à la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem

 

Par Yitskhok Niborski

La première visite de Tal Hever-Chybowski à la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem, trois ans avant d’être nommé à sa direction, avait pour but d’intéresser certains de ses collaborateurs à la possibilité de participer à son projet d’une revue en hébreu consacrée à la dimension diasporique de cette langue, en mettant en avant les liens étroits l’ayant unie au yiddish tout au long de son histoire en Europe.

Ayant salué cette initiative à l’époque, les responsables de la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem ont décidé maintenant de l’accueillir, en partant de la conviction que le chemin parcouru ensemble par le yiddish et l’hébreu en tant que langues de la diaspora ashkénaze constitue un aspect clé de notre identité culturelle.

Que sur le plan linguistique le yiddish et l’hébreu aient puissamment agi l’un sur l’autre, est un fait évident et reconnu. Par contre, on a un peu oublié que ces deux langues ont mené ensemble l’aventure décisive de la modernité juive depuis la fin du XVIIIe sìecle. Le yiddish était la langue vernaculaire de presque tous les intellectuels ashkénazes de cette période, tandis que l’hébreu, pour presque tous également, était la langue qu’ils apprenaient dès l’enfance par la prière et les études traditionnelles et dont la maîtrise était aussi considérée comme un facteur essentiel de leur culture sécularisée. C’est ainsi que près de trois générations d’écrivains juifs ashkénazes ont écrit dans les deux langues, même si chacun attribuait à chacune d’elles un rôle et une importance différents. Une bonne partie de leurs lecteurs les suivait aussi d’une langue à l’autre. Un seul et même artiste génial, Mendele Moykher-Sforim (1836–1917), a forgé et le yiddish littéraire, et la langue de la nouvelle prose hébraïque. C’est lui qui a dit que, pour la culture juive, utiliser les deux langues était comme respirer par les deux narines.

Au delà de la sphère strictement littéraire, les deux langues ont partagé en sœurs le développement de la presse et l’évolution politique des Juifs d’Europe orientale. Le premier périodique yiddish en Russie, Kol mevaser, fondé en 1862, paraissait littéralement à l’intérieur de l’une des premières publications en hébreu dans l’Empire tsariste, Hamelits, puisqu’il y paraissait comme supplément. Les statuts de la toute première « Union des socialistes hébreux » fondée en exil, à Londres, en 1876, ont été rédigés dans les deux langues. Par la suite, tous les courants politiques ashkénazes ont non seulement simultanément utilisé les deux langues, mais c’est aussi dans ces deux langues que beaucoup d’écrivains engagés soit en faveur du socialisme, soit en faveur du sionisme, ont donné une expression artistique à leur engagement.

Cette communauté de destin a été certes ébranlée avec la « guerre des langues » éclatée au début du XXe siècle, lorsque l’hébreu est peu à peu devenu un axe idéologique pour les courants sionistes en même temps que le yiddish le devenait pour les socialistes. Pourtant, au lendemain de la Conférence de Czernowitz (1908) où les zélateurs des deux langues se sont vivement affrontés, le critique Bal-Makhshoves démontrait dans son essai « Deux langues — une seule littérature » que yiddish et hébreu appartenaient toujours a un espace culturel indivisible : écrivains, critiques littéraires, journalistes, éditeurs et publications vivaient en même temps dans les deux domaines, même si seulement une partie du lectorat pouvait les suivre dans toutes leurs métamorphoses. Et même si après 1918 cette grande tradition s’est considérablement affaiblie, elle ne s’est jamais complètement éteinte.

Pour toutes ces raisons, la Maison de la culture yiddish – Bibliothèque Medem est fière d’accueillir Mikan ve’eylakh (« Dorénavant », traduisible aussi par « D’ici et au-delà »), une revue qui a pour vocation de révéler l’hébreu dans sa dimension diasporique, aujourd’hui en Europe, et de faire connaître son aspect historique. En invitant dans ses pages des écrivains, pensant, écrivant et traduisant en hébreu, Mikan ve’eylakh se pense comme un lieu de débat et de rencontre dans cette langue, ici et aujourd’hui, tout en explorant ses dimensions diasporiques passées et présentes sur le plan littéraire et intellectuel.

 

Sortie du premier numéro le 14 juin 2016. Voir le programme de l’événement.

 

184 pages
Prix : 10€

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